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L’ECOLE MAROCAINE, RETROSPECTIVE DEPUIS L’INDEPENDANCE

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Suite à mon dernier article intitulé : « l’INTRUS » publié sur ce site le 11 Novembre 2012, quelques commentaires ont été exprimés, montrant l’intérêt suscité par les problèmes liés à notre système éducatif. Je citerai, entre autres,Monsieur Mekki KACEMI qui m’a suggéré à revenir et je ne peux que répondre tout en ayant le plaisir et la conviction de ne pas tarder à le faire, quoique je ne sois pas un grand fidèle de l’écriture au  journal. Je saisis donc cette occasion pour le remercier en espérant faire sa connaissance et tisser un lien si le BON DIEU nous prête vie. Je remercie également Monsieur MEZIANE Ahmida pour son commentaire construit sur une analyse bien ciblée, un texte qui mériterait une place à la UNE du journal du site « oujda city » auquel je présente toutes mes félicitations et toute ma gratitude pour l’occasion et l’espace qu’il offre aux uns et aux autres en vue de publier leurs écrits et soulever les innombrables dossiers qui se posent dans notre pays et à travers le monde.
Par ailleurs en étant  au seuil de la fête sacrée de de l’AID AL ADHA,  j’aurais le plaisir de présenter mes vœux les meilleurs, avec la joie de le vivre en famille, à son directeur MONSIEUR KADDOURI HOUCINE, à ses collaborateurs, aux engagés  dans l’écriture pour la publication de leurs articles et aux fidèles lecteurs du site  pour une réflexion fertile et positive qui a comme principal objectif celui de viser une simple cause appelée « la liberté », une valeur à inculquer dans la culture de notre jeune génération, la liberté de réfléchir afin de pallier aux contraintes quotidiennes auxquelles les jeunes font face et d’en trouver des solutions.
En fait, notre système éducatif, pièce maîtresse de l’émancipation sociale et le socle de tout essor, fait l’objet régulièrement de plusieurs critiques à travers divers moyens de communication scripto-audio-visuelles. Parallèlement, on assiste çà et là à l’organisation de diverses manifestations pour discuter, débattre, diagnostiquer … et proposer des solutions. En vain.  Ils espèrent être à l’écoute des responsables, pour qui ce secteur a été leur dernier souci car leur principal but est d’occuper confortablement leurs sièges, de se faire octroyer le droit de propriété sur un secteur public, profiter de la vache à traire, se faire leur beurre et repartir pour laisser les consignes aux nouveaux venus afin de suivre la même musique. Une sorte de relais qui se fait d’une façon régulière, parfaite et uniforme dont l’ignorance  a été le point de départ  et l’abîme le point d’arrivée.
N’étant pas directement impliqué dans notre système éducatif et n’étant pas au fait de tout ce qui se cache derrière ce monstre,  mais force est de constater que la situation demeure figée, hormis certaines mesures qui n’arrivent pas à éradiquer la crise, je n’ai d’autre prétention que de déclencher un débat fructueux et dénudé de toute critique stérile et encore moins me substituer aux décideurs.
Désirant me joindre aux nombreux débats suscités par ce mal qui ronge notre système et qui  nous ébranle, je me propose de m’exprimer  de temps en temps en rappelant ou en ajoutant un petit plus à ce qui a été déjà dit ou écrit par les uns, en commentant ce qui a été analysé par d’autres, en en reprenant quelques données chiffrées et commentaires élaborées par des spécialistes et des chercheurs, ou encore par des organismes officiels nationaux ou internationaux, collectées durant de modestes recherches personnelles et brèves lectures sur le NET.
C’est pourquoi je livre dans ce qui suit un modeste historique de ce secteur (sûrement pas exhaustif) pour, comme on dit, rafraîchir les mémoires, notamment celle des jeunes générations.  Cela permettra probablement de mieux mesurer l’ampleur de la crise.
**En 1914, on ne compte que 2 853 enfants dans les écoles franco-arabes, pour l’essentiel des fils de mokhaznis ou de notables ralliés à la France ou des fils de miséreux qui profitent surtout de la cantine… À l’époque, les seules écoles modernes qui fonctionnent bien sont celles de l’Alliance israélite universelle qui scolarisent plus de 5 000 enfants dont 40 % de filles.
C’est avant la Seconde Guerre mondiale et, plus encore, immédiatement après que la tendance s’inverse complètement. On passe de 6 000 écoliers en 1925 à 8 000 en 1930, à 22 000 en 1938, à 35 000 en 1945, à 110 000 en 1950 et à 206 000 en 1955. En 1953, on estime à 8 % le pourcentage des écoliers par rapport à la population en âge d’être scolarisée. Ce qui reste très faible.
En 1946, 3 300 Marocains étaient inscrits dans l’enseignement secondaire et que 150 étudiants poursuivaient leurs études en France!

En 1945, 33 Marocains avaient obtenu leur baccalauréat, en 1950, ils n’étaient que 87. Enfin, à la veille de l’indépendance, en 1955, ce chiffre passe à 15 519.

En 1951 / 1952, 21 % des garçons et 10 % des filles de Casablanca en âge d’être scolarisés fréquentaient une école primaire et un millier de jeunes une école secondaire. **
** cf.Ed au MC 1956-2000
*Le faible héritage de l’éducation en 1956 : Durant la période coloniale française et espagnole (1912-1956), le système éducatif était caractérisé par une fragmentation, un système scolaire ségrégé imposé de l’extérieur, ainsi que par une marginalisation du système éducatif musulman traditionnel. Les niveaux de développement de l’éducation hérités de la période coloniale française étaient catastrophiques en termes d’accès à l’éducation de base, avec un taux d’analphabétisme des adultes estimé à 82% en 1956. La situation dans les régions du Nord et du Sud du pays sous le régime colonial espagnol était encore plus dramatique. En effet, le taux d’analphabétisme était estimé à 95% pour la population adulte et considéré par certains comme plus bas que ceux qui prévalaient dans la période précédant l’établissement du contrôle espagnol en 1912. Durant la dernière année du Protectorat en 1955, environ 187 000 élèves étaient inscrits dans les écoles coloniales, 23 000 dans les écoles « libres » nationalistes, et 2 500 dans les institutions traditionnelles d’éducation, tandis que plus d’1,5 million enfants n’étaient pas scolarisés. A l’Indépendance, le nombre d’étudiants marocains dans l’enseignement supérieur ne dépassait pas 350, parmi lesquels se trouvaient seulement deux femmes*
*cf. Education au Maroc. Analyse du secteur.2010 UNESDOC-U
**Le pouvoir marocain, dans les dix à quinze années qui suivirent l’indépendance, a donc renoncé assez rapidement à généraliser l’enseignement primaire, c’est-à-dire à prendre en charge l’éducation des enfants de 7 à 14 ans, dont plus de la moitié – et la très grande majorité hélas dans le monde rural – vont rapidement être exclus du système.**
**La généralisation de l’enseignement qui ne touche que 30 % des enfants dans le primaire, 15 % dans le secondaire et 1 % dans le supérieur est rendue responsable de tous les maux, c’est-à-dire du « chômage des lettres « , de la baisse du niveau et même de l’anarchie dans la direction et la gestion de l’Éducation nationale. L’arabisation est assimilée à la régression, à la décadence.»
C’est à peu près la même idée, mais dans une tonalité moins militante, que développe à cette époque John Waterbury :
« On peut supposer que l’instruction n’ayant pas été la panacée vantée par les nationalistes et n’ayant pas apporté aux enfants ce que leurs parents en attendaient, bien des Marocains, après avoir envoyé leurs aînés à l’école, ne ressentent plus la nécessité d’y inscrire les plus jeunes.»
Les chiffres qu’il fournit sont d’ailleurs là pour en témoigner: de 1959 à 1963, les effectifs de l’enseignement primaire augmentent de plus de 300 000 élèves alors qu’entre 1964 et 1968 ils ne s’accroissent plus que de 27 500 enfants.
John Waterbury et Abdelwahab Radi conviennent au fond que les dirigeants du Royaume ne cherchent pas véritablement à former tous les hommes sur lesquels le pays compte pour se développer dans sa totalité, mais seulement à satisfaire les besoins des appareils de l’État et de l’élite. Selon le mot de Noureddine Sraieb, il s’agit de «fournir à la classe dominante des agents qualifiés pour lui permettre de réaliser ses objectifs et de perpétuer sa domination ».**
** cf Enseignement au Maroc : 1956-2000 .
**** Chiffres pour le Maroc (2005) :
–         57% d’enfants sont inscrits dans le pré-scolaire
–         85% de filles et 90% de garçons sont inscrits dans le primaire
–         80% d’enfants terminent un cycle entier de l’enseignement primaire
–         Les petites filles représentent 46.4% des élèves inscrits
–         Il y a un professeur pour 27.1 élèves dans le secondaire
****  Nouveau rapport de la banque mondiale, le Maroc à la traîne en matière d’éducation.=
Au lendemain de l’indépendance, FEU MOHAMMED V, ce bon ROI considéré par les marocains non seulement  comme libérateur de la nation, mais le père spirituel de tout le monde, lança un appel  pour  généraliser l’enseignement  au profit des enfants du peuple sans aucune discrimination, pour lutter contre l’ignorance et en faire une nation émancipée digne d’un état  moderne.
Son successeur, Feu HASSAN II, initia une série de colloques et congrès dont les travaux de plusieurs d’entre eux ont été organisés sous son suivi direct, voire sa présence effective et sur la base de ses Hautes Directives : (colloque d’IFRANE, colloque de CASABLANCA  et autres…) dans le but de tracer une ligne de conduite.
Cette dynamique déclenchait des rencontres entre intervenants à l’échelle nationale sous les auspices des ministres du Département de l’Education. Des commissions à l’échelle départementale dirigées par des hauts responsables et des cellules de pédagogues ont été créées pour diagnostiquer, interpréter, analyser …. .etc …. en vue de mettre sur pied ce qu’on peut appeler un programme de réformes, partant de la réalité nationale et inspiré, pourquoi pas, d’expériences étrangères : des méthodes malaxées pour préparer des recettes sur place ou importées ont été étudiées pour la mise en œuvre de tout un programme.
Parallèlement, d’autres commissions se sont attelées à assurer un suivi et une évaluation. L’ensemble de ces démarches était, bien évidemment, soumis ou, à tout le moins, discuté avec cette immense et grande Institution  qu’est LA BANQUE MONDIALE  imposant ( ou décidant) le parrainage de nos projets et dont l’avis était plus que salutaire. Soit dit en passant, cette « boîte » n’a pas intervenu que dans ce domaine.
Ce branle-bas de combat comprenait également des conseillers pédagogiques dépêchés des différentes délégations régionales par des hauts responsables  , en catastrophe, sur instructions de leur ministre  pour établir  dans un délai record un modèle de programme d’enseignement fondamental à des fins restées jusqu’à présent confidentielles mais surtout oubliées.
En fin de compte et pour ainsi dire, des avalanches humaines s’abattaient à tout moment opportun ou crucial pour l’étude du sort de notre enseignement et sur l’instauration de nouveaux mécanismes à lui adapter pour valoriser tout un système qui s’impose.
Ainsi, cette effervescence sans précédent et certes de bonne foi émaillée par toutes ces mesures citées plus haut devait déboucher sur la ligne de conduite à insuffler à notre enseignement afin qu’il, participât efficacement et correctement à l’effort de construction du pays post-indépendance.=
Résultat ?? Cinq décennies se sont écoulées et le dossier revêt plus que par le passé un caractère crucial, hormis certaines avancées, certes à ne pas occulter, mais sans aucune mesure avec les deniers gaspillés et les attentes du peuple.
Indicateurs de financement de l’éducation

                                      + Indicateurs de financement de l’éducation

                                               (en millions de dirhams courants)

Indicateurs de financement de l’éducation    

2002

2003

2004

2005

2006

a. Dépenses courantes du Budget de l’État    

71 385

78 201

85 525

90 557

101 183
b.Dépenses courantes d’éducation    

23 953

25 896

26 652

29 634

31 773

(b/a) en %      

33,6%

33,1%

31,2%

32,7%

31.4%

Dépenses courantes éducation (% PIB)            

6,02%

6,17%

6,01%

6,43%

6.1%

 

Source :+ Lois de Finances (2002-2006) et Agrégats nationaux établis par le HCP
Source :+ Lois de Finances (2002-2006) et Agrégats nationaux établis par le HCP.

Avec le souci de  veiller de près sur ce secteur  afin de lui garantir  sa bonne marche, naquit le Conseil Supérieur de l’Enseignement  et vit le jour pour  jouer le rôle de directoire.
En effet, continuant les initiatives  de ses Illustres parents : l’appel de FEU MOHAMED V et le grand chantier impulsé par FEU HASSAN II , voilà que  SA MAJESTE MOHAMED VI , très soucieux des péripéties que vit notre système éducatif ,relance le dossier de manière solennelle qui ne laisse aucun doute quant à la persistance de la crise  afin de garder confiant un peuple vivant sur l’attente attentive des précipitations pluviométriques divines et l’espoir.
A suivre…

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2 Comments

  1. Anonyme
    26/10/2012 at 01:24

    Votre aperçu historique assez détaillé offre davantage d’entrées, concernant l’interprétation de la situation actuelle de notre système éducatif.l’effort que vous deviez y avoir déployé est, à mon humble avis, hautement louable. Une autre fois, MERCI
    Quant à ta connaissance, il est évident qu’elle m’honorerait .Aid moubarak said, à toi et tous les visiteurs d’Oujda city, mais aussi aux responsables du site

  2. x
    30/10/2012 at 23:21

    merci pour cette etude

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